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Le chapeau de 1900 à nos jours

mardi 12 décembre 2017, par Guide Rousseau

Le couvre-chef existe depuis toujours. De la pétase antique aux bonnets médiévaux, en passant par les voiles destinés aux femmes fortunées ou aux religieuses, l’homme a toujours su se couvrir la tête, que ce soit purement utilitaire ou bien esthétique. Le chapeau permet aussi de montrer son statut social, et ceci est vrai encore de nos jours. N’est-ce pas la course à la pièce montée la plus originale pour s’exhiber sur les hippodromes ?
Nous laisserons de côté toute l’histoire du chapeau à travers les siècles (même si j’ai personnellement un faible pour les coiffures ornées du XVIIIème et les béguins romantiques) pour nous concentrer sur le XXème siècle, et donc ce que vous pouvez trouver au détour d’une brocante ou en boutique.

1900

C’est le règne des canotiers, capotes, toquets, falbalas et autres plumes. Plus c’est haut, plus c’est beau. Même pour des activités « sportives », la femme ne peut s’empêcher d’orner son chapeau de fanfreluches et de le fixer à l’aide d’une épingle qui a la longueur d’une aiguille a tricoter. Cette mode, moins que pratique, durera une bonne décennie, quelque peu nuancée par une jeune modiste, Gabrielle Chanel. Installée Boulevard Malherbes en 1909, elle vendra aux demi mondaines des copies des chapeaux qu’elle réalise pour elle-même, et assez peu en adéquation avec les modes de l’époque. Les formes combinent rigueur et sophistication, le tout surmonté en général d’un ornement unique. Paul Doucet lui fera confiance et l’aidera à lancer sa carrière.

1914-1918

La guerre arrivant, les matières premières se font plus rares, et les femmes iront pour la plupart tête nue, lorsqu’elles ne portent pas le fichu de l’infirmière ou la casquette du postier. Celles qui peuvent encore s’offrir le luxe de se pomponner choisiront des formes simples, des chapeaux à large bords ornés de simples rubans, et cloches inspirées des chapeaux d’hommes.

1920

Les années 20 arrivent, et avec elles la rationalisation du vêtement féminin. Il se veut plus pratique, plus simple à mettre, et surtout il doit s’adapter aux merveilles de la vie moderne. Les années 20 sonnent l’essor de la cloche, ce petit chapeau si simple à mettre sans épingle, qui ne s’envole pas en voiture et s’adapte aux coiffures à la mode. Il est d’ailleurs aberrant de croire que toutes les femmes se coupèrent les cheveux à cette époque. La plupart les gardaient longs, mais les cachaient sous leur chapeau, en faisant ressortir un petit accroche cœur. La mode est aux choses nouvelles, l’orientalisme plaît toujours autant, et le turban est aussi très en vogue.

1930

Le krach boursier de 1929 plonge le monde dans la grande dépression, et le vêtement se rationalise encore plus. Les formes se font austères, aussi influencées par le modernisme, le cubisme, l’art abstrait et l’art déco. L’ornement n’est plus obligatoire, c’est plus la forme elle-même qui caractérise le chapeau. La mode est à la simplicité, et il faut paraître moderne. On peut aussi noter l’influence du surréalisme, dont Elsa Schiaparelli s’empare pour réaliser des modèles plus originaux les uns que les autres.

1940

La guerre provoque étrangement l’effet inverse sur le costume : on n’a rien mais on veut à tout prix faire comme si on avait accès a tout. Les chapeaux deviennent complètement fous, montent en hauteur, on y installe des oiseaux, des fleurs, des paillettes, on se fait des turbans qui doublent littéralement la hauteur de la tête. A ceci quelques explications : la mercerie n’étant pas rationnée, ainsi que le ruban jusqu’à 20cm, on peut en profiter (lorsqu’il y en a), et ensuite, il n’est pas question de se laisser abattre par l’occupant. La folie (très parisienne) du turban en est la preuve : on les porte hauts et ornés le plus possible, pour faire la nique à ceux qui ont confisqué toutes les matières premières. La femme des classes moyennes va pourtant tête nue la plupart du temps ou s’inspire des modèles couture en taillant un foulard dans une nappe ou rideau, qu’elle se drape autour de la tête grâce aux conseils des magazines féminins qui se veulent patriotes, en ordonnant l’économie et la réparation (make do and mend outre Manche). A noter cependant que la petite ouvrière ou la mère de famille des campagnes se fichait pas mal de ces modes farfelues, et portait la plupart du temps… rien, ou un simple fichu afin de protéger ses cheveux de la poussière et des machines, le savon étant rationné.

1947

Le monde sort difficilement de ces années de privation. Le jeune Christian Dior ouvre sa maison de couture et bouscule la mode. Dior n’est pas un modiste et se contente de formes simples, chapeaux tonkinois, capelines et plus tard pillboxes, qui seront repris tout au long des années 50.

1950

La « jolie madame » se coupe les cheveux et les porte bouclés ou en chignons tirés. On porte donc de petits bibis, serres-têtes ou voilettes qui se posent délicatement sur les coiffures pratiques de l’époque, tout en restant élégante. On remet au goût du jour les codes d’avant-guerre et on porte une chapeau différent à chaque moment de la journée. Les magazines de l’époque conseillent aux jeunes filles de porter un béret simple pour l’école, aux femmes qui travaillent une sorte de petit bonnet, puis changer pour un pillbox pour les cocktails et une voilette ornée pour la tenue de grand soir. Après avoir corseté les femmes à nouveau, on les enferme aussi dans des codes de bienséance archaïques…

1960

Et n’allez pas croire que tout va basculer dans les 60 ! Les années 60 sont rigoristes au début : Jackie Kennedy est imitée par les femmes du monde, brushing impeccable et pillbox sobre. Les femmes portent un pantalon pour jardiner ou en camping uniquement… Et vient le Swinging London, les mods et Mary Quant ! Adieu la bienséance ! On porte la jupe mini-mini, et adieu les chapeaux ! La mode est à la choucroute sur la tête, et les longueurs qui volent au vent. On sort « en cheveux », ce qui ne manque pas de choquer les vieilles générations. La femme française rêve désormais d’être Brigitte Bardot ou Mylène Demongeot qui, et seulement par grand soleil, sortent avec une grande capeline de paille. On note aussi le retour du turban, grâce aux tendances orientales.

1970-1980

La capeline connait son essor dans les années 70, de même que les chapeaux empruntés à l’homme. La mode devient « unisexe » en quelque sorte, et il en est de même pour le chapeau. La casquette fait son apparition et sonne le glas du chapeau élégant. Il en sera de même dans les années 80 où les casquettes et bonnets seront beaucoup plus prisés que les chapeaux à proprement dit, qui seront réservés aux courses et aux évènements formels.

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